ODRADEK
Ensemble de 12 Carrés Inintelligibles
50 x 50 cm chaque
Il y a chez Kafka une conception du temps primitif où tous les âges du monde coexistent
depuis le stade archaïque et marécageux qui précède le mythe et les premiers balbutiements
de l’humanité.
Tout ce qui est oublié se mélange à l’oubli du monde primitif et tisse avec lui d’innombrables liens changeants pour engendrer de nouvelles créatures - un inépuisable intermonde.
Odradek est la forme que prennent les choses dans l’oubli. Elles deviennent difformes.
Dans la nouvelle « Le Souci du père de famille », Odradek est cette créature indescriptible
« sans domicile fixe » qui séjourne dans la maison, s’exprime de façon cryptique, tousse,
et dont notre seule certitude est qu’elle nous survivra.
Onfim est un petit garçon du XIIIe siècle dont on a découvert les cours d’alphabets dans la boue de Novgorod en Russie.
Au milieu de ses lignes de lettres, il se met à délirer et profère des menaces contre son instructeur du type « Je vais crever le prof et le traîner à cheval ».
Une douzaine de dessins illustrent ses propos, dont un autoportrait en « bête sauvage ».
Comme Odradek, il représente une résistance guerrière enfantine et angélique qui jette sur le monde un réseau ludique, insensé et royal.
Dans cette série, les 12 carrés inintelligibles (comme on le dit des symboles mystérieux des grottes pariétales) convoquent à partir des dessins de Onfim un tour de bobine labyrinthique, réminiscences des temps archaïques dont nous sommes actuels
.
Le choix du feutre sur la toile vierge se fait charbon actualisé des pariétaux contemporains :
qui des plus ancestraux et des plus récents font l’enfance de l’art - les hiéroglyphes de l'instruction.